Qui est ce jeune homme, la tête légèrement penchée, douce de mélancolie qui me regarde à travers le temps. Il est là sur la photographie, la tête légèrement penchée, douce de mélancolie, et me regarde à travers le temps. Mon père, debout près de la voie ferrée, assigné à la maintenance des rails dans une Lorraine occupée, courbé avec d’autres comme lui, visse et martèle les barres posées sur les pierres terreuses. Il entend la langue allemande qui deviendra la mienne des décennies plus tard. Des images surgissent, heurtées, brutales. L’histoire s’accomplit.