La petite photographie crantée de famille, retrouvée un soir d’automne gardait son mystère. Le geste qui l’avait un jour scellée dans sa fixité glacée ne me la rendait pas. Il me fallait fouiller les tréfonds du noir et du blanc de l’image pour tenter de toucher un commencement d’histoire qui heurterait le silence et l’oubli. L’image s’évadait en elle-même, s’effaçant de sa forme première et ses contours mouvants me conduisaient à la lisière d’un monde parti au large d’une mémoire ancestrale et que j’appréhendais. Et de reprise en reprise, éclose dans les échos de l’exil du labyrinthe généalogique, une voie se dessinait, portée vers un infini séculaire.