À ta petite maman
Pour Christine, 11 mars 2020

Que reste-t-il quand même le doux du corps,
le creusé des rides,
le regard déjà apeuré
s’absentent
Quand les mots dits et répétés sans fin ne disent plus
rien
du monde
Quand la douleur de
la présence
qui s’écarte irrémédiablement ne retranche
rien,
mais ajoute au désastre
Il y a ces photos, prise et prises encore, inlassablement.
Il y a ce visage au loin, qui approche, se précise, passe déjà, s’éloigne, disparaît.
Il y a ces instants que l’on retient, et ces absences qui vident.
Il y a ce gouffre immense, qui se creuse, et qui n’abolit rien des fils tissés.
Il y a cet espoir insensé.
D’avoir été. D’être encore. Pour quelqu’un.
D’exister, dans des mots maladroits, des images floues.
Qui disent que
quelqu’un a été.
Qu’il en est fait souvenir.
Et que si ce n’est pas grand-chose,
ce n’est pas
rien.
Pascal Ourghanlian